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Que deviennent les jeunes des quartiers prioritaires après leur bac ?

Le Céreq, en collaboration avec l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, fait l'étude de la situation des jeunes des QPV par rapports aux jeunes d'autres quartiers. Le lieu de vie au moment de l'obtention du baccalauréat est-il déterminant pour le parcours d'études et l'insertion professionnelle des jeunes ? 

Les différences d'orientation et de parcours entre les jeunes bacheliers résidant dans des QPV, comparées à celle des jeunes issus d'autres quartiers de la même agglomération sont d'une part dûes à l'environnement social, mais l'étude cherche à isoler la caractéristique du lieu de résidence au moment de l'obtention du bac comme un facteur déterminant de ces différences. 

En termes de parcours scolaire

Au moment du baccalauréat

En premier lieu, les jeunes issus des QPV sont plus souvent orientés vers un baccalauréat professionnel par rapport aux jeunes d'autres quartiers. Cela influe sur le nombre d'élèves poursuivant leur études après le bac. Les élèves diplômés du bac en QPV sont autant diplômés d'une filière générale que d'une filière professionnelle, alors que les élèves d'autres quartiers sont plus souvent diplômés d'une filière générale que d'une filière professionnelle. Il s'agit donc du premier paramètre à prendre en compte pour l'influence du quartier de résidence sur la poursuite d'études et l'insertion professionnelle des élèves après le bac. Pourtant, les élèves poursuivant leurs études dans une filière générale pour les résidents en QPV sont plus nombreux, hypothétiquement à cause d'une insatifaction de leur orientation au départ. D'autres pistes de réflexion sont engagées comme le fait que l'accès aux alternances et aux stages est plus compliqué pour les jeunes issus de milieu défavorisés, et par compensation, les jeunes se tournent vers des études supérieures pour mieux s'armer sur le marché du travail. La dernière hypothèse repose sur une symbolique d'espérance d'ascension sociale par rapport au contexte familial ou social. 

Un défaut d'orientation ?

Les jeunes bacheliers issus de QPV font moins souvent le choix de filières élitistes. Il choisissent plus souvent une poursuite d'études dans un établissement à proximité et moins sélectif. Cela s'explique par un niveau scolaire en moyenne plus faible de ces jeunes issus d'établissement dits "défavorisés", mais également par une forme d'autocensure dûe à l'information trop partielle sur les parcours d'études possibles. Mais cela peut aussi être dû aux contraintes financières que la mobilité représente. 

Globalement les voeux d'études formulés sont plus orientés vers des études générales moins sélectives, mais les diplômés de la filière professionnelle sont moins préparés à ces études plus générales mais moins encadrées auxquelles ils ont le mieux accès. Les étudiants issus de filières technologiques sont ceux qui ont de moins bons résultats et qui n'ont souvent pas été acceptés dans les filières sélectives. 

Un taux d'échec plus fort sur l'obtention de diplôme

Parmi ces jeunes engagés dans les études supérieures, certains sortent sans diplôme, et c'est plus fréquent chez les jeunes de QPV, à sexe, origine sociale et filière de bac égaux. Pour les deux catégories de jeunes, la sortie d'études sans diplôme est plus fréquente lorsqu'au moins l'un des deux parents est immigré, que les deux parents sont ouvriers ou employés ou n'ayant jamais travaillé, mais c'est encore plus fort lorsque l'élève réside en QPV. Cette différence de taux d'échec est très marquée à l'université, et cela s'explique par l'orientation moins sélective, différente de leur premier choix d'orientation.

Des études plus courtes et moins prestigieuses, par contrainte

Ainsi les étudiants des QPV sortent globalement de leurs études avec un niveau d'études moins élevé que ceux des autres territoires. Mais les jeunes résidant en QPV au moment de l'obtention du bac déclarent avoir mis un terme à leurs études supérieures plus souvent par contrainte financière, de mobilité, ou à cause d'un refus dans une filière demandée, que par échec.

Sur le marché de l'emploi

Les jeunes résidants en QPV au moment du bac sont donc globalement moins engagés dans des études supérieures ou diplômés d'un niveau moins élevé, et d'études moins prestigieuses, ce qui rend leur insertion professionnelles plus difficile. Si les contrats de travail sont souvent les mêmes par rapport à leurs camarades d'autres quartiers, la qualification de ce travail est souvent moins élevée, à caractéristiques égales. Les jeunes issus des QPV ont également moins de chance d'être embauchés à la sortie de leur parcours initial et également moins de chance d'atteindre une profession intermédiaire ou supérieure.

Une solution ?

Le fait de résider un QPV au moment du baccalauréat a un effet relativement limité sur l'insertion dans le marché du travail, c'est plutôt le niveau d'études atteint qui influe sur les conditions d'admissions dans le monde du travail. Ces jeunes doivent réussir à franchir chaque étape du parcours scolaire en se confrontant aux difficultés d'admissions dans des filières adaptées et aux lacunes scolaires que cela entraîne.

L'expérimentation d'admission en BTS sur avis favorable au conseil de classe lors des procédures ParcourSup constitue une piste intéressante pour l'accompagnement et orientation des jeunes des QPV.

Publié le 09 juin 2020