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Portrait de territoire : Hazebrouck

Tentée de poursuivre l’autoroute jusqu’à la mer, c’est sur ce plat pays, en Flandre intérieure, que je me suis arrêtée. En prenant la sortie, l’autoradio de la voiture peinait à trouver ses fréquences : Lens-Béthune ; Dunkerque ; radios locales…? Entre monts et marais, au carrefour des grandes agglomérations de la région et à quelques kilomètres de la voisine Belge, m’apparaissent finalement Tisje Tasje, Toria, Babe Tisje et Zoon Tisje, gardiens et géants protecteurs de la ville d’Hazebrouck.

Tout aussi protecteur de cette ville qui l’a adopté, Jonathan Larivière nous accueille à l’Hôtel de ville. Responsable du Service Politique et Démocratie participative à la Mairie d’Hazebrouck, ses récits et explications nous font vivre le quartier Pasteur-Foch, quartier prioritaire de la Politique de la Ville depuis 2014. Ce dernier se situe au nord de la ville, au nord de la voie ferrée qui divise la ville en deux, au nord de « cette « coupure » physique étant vécue comme un frein « psychologique » pour l’accès à l’offre de services nécessaires à l’accompagnement des familles et des habitants de ce quartier »[1].

Chacun des 1324 habitants représente pour lui une voix, voix qui trouve toute sa place dans le débat et la construction de la vie du quartier. Pour Jonathan, c’est le quartier qui fait vivre la démocratie de la ville, et non l’inverse : « C’est grâce au quartier qu’il y a une démocratie participative à Hazebrouck ».

Et ce sont bien les voix des habitants qui nous content le quartier, et à travers leurs yeux que nous le voyons. C’est à travers la mémoire des plus anciens que nous nous en souvenons, et à travers l’envie et le dynamisme des plus jeunes que nous le construisons : la visite guidée du quartier par quelques membres du Conseil citoyen et habitants donne sens au discours de Jonathan.

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La visite démarre au Centre d’animation du Nouveau Monde, ce dernier portant bien son nom puisqu’il ne cesse de se renouveler. Au centre du quartier, il a été agrandi 6 fois depuis son ouverture en 1981, ce qui lui confère un aspect quelque peu particulier : après un entremêlement de couloirs et le fourmillement des enfants, nous tombons tantôt nez à nez avec une salle de sport, puis avec une élève et son professeur particulier, et enfin avec Daisy, ancienne directrice du centre et qui y a trouvé, même après son départ, toute sa place. Pour le directeur actuel, l’impact de la politique de la ville a deux visages : la chance du coup de pouce, mais aussi la peur d’une dépendance future.

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La visite se poursuit dans un même entremêlement, cette fois à l’échelle du quartier. Le beau temps nous permet de profiter des espaces verts qui tâchent de faire le lien et favoriser la rencontre entre les différentes réalités urbaines, sans toujours y parvenir. C’est sous les premiers rayons de soleil de l’année, parfois étourdissants, que nous passons donc d’un espace à un autre. Les grands ensembles, plus connus sous le nom de « blocs », concentrent les principales difficultés sociales et les enjeux de rénovation. Les actions menées dans le cadre du contrat de ville s’y ancrent ainsi plus particulièrement. Les demandes sont précises : « Il faut tout démolir ». Malgré la vétusté des lieux, la résidence Pasteur ne bénéficiera pas du nouveau programme de renouvellement urbain. N’en déplaise à certains, avec ou sans, les fonds nécessaires à la démolition et à la reconstruction de la résidence ont été trouvés. 

L’accord passé en conseil d’administration permettra la réhabilitation de 4 des 5 résidences Pasteur (réhabilitation thermique, phonique, intérieur, création d'ascenseur en verre par l'extérieur, création de puits de lumière naturelle,  fermeture des loggias, création de nouveaux balcons, etc.), la démolition d'une des 5 résidences pour la reconstruction de 44 logements dans le quartier. Est prévue également la construction de nouvelles cellules commerciales pour venir intensifier le pôle commerciale existant ; ainsi que la construction d'un nouveau centre social. On en profiterait pour proposer d'autres services dans le quartier ! (Jonathan Larivière)

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 Sur le trottoir d’en face, les maisons individuelles, occupées par des propriétaires de plus en plus âgés, posent leur regard sur les fresques colorées des arrières de garages, tout comme les maisons mitoyennes que nous découvrirons un peu plus loin. Enfin, nous cheminons tranquillement vers les larges et calmes rues ayant bénéficié des programmes d’habitat à caractère social, construits plus tardivement, poursuivant avec discrétion le quartier vers le nord, et la campagne environnante.

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La visite, ponctuée de rencontres et de découvertes, nous aura finalement parue bien courte. L’objectif des quelques lièvres (haze) que j’ai rencontrés : faire du marais (brouck) un « nouveau monde » pour ses habitants.