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Mobilité résidentielle des jeunes des QPV: quelles incidences sur les parcours scolaires et professionnels?

Le Céreq, centre d’études et de recherches sur les qualifications, s'est intéressé à la mobilité socio-résidentielle des jeunes des QPV après leur bac et à ses effets sur l'insertion professionnelle. Les résultats révèlent des trajectoires scolaires et professionnelles significativement différentes selon l'existence ou l'absence de mobilité après le bac. 

L'étude s'appuie sur les données de l'enquête Génération 2017 réalisée par le Céreq auprès de 25 000 jeunes pour observer l'accès à l'emploi à l'issue de leur formation initiale. La particularité de ce travail repose sur la prise en compte des mobilités résidentielles des jeunes, en particulier après l'obtention du diplôme du bac. L'objectif est d'observer le parcours professionnel des jeunes qui ont résidé dans un QPV à un moment donné de leur scolarité. Trois groupes distincts sont analysés : les jeunes restés en QPV après le bac, les jeunes ayant quitté les QPV après le bac et les jeunes arrivés en QPV après le bac. 

Les jeunes restés en QPV après le bac plus défavorisés et moins diplômés que la moyenne

L'étude révèle que les jeunes restés en QPV après le bac présentent les origines sociales les plus modestes et sont les plus nombreux issus de l'immigration: 60% sont des enfants de ménages défavorisés et 40% ont au moins un de leur parent né étranger à l'étranger. A l'inverse, les jeunes qui se sont installés en QPV après le bac ont une origine sociale comparable à celle des jeunes n'ayant jamais vécu en QPV.

Concernant le parcours scolaire, les jeunes restés en QPV sont les moins diplômés: 43% d'entre eux n'ont pas obtenu de diplôme l'enseignement supérieur. Ils sont également proportionnellement deux fois plus nombreux à avoir redoublé avant l'entrée en sixième, un signe avant-coureur d'un décrochage dans l'enseignement supérieur. On observe que l'interruption d'études est de manière générale plus contrainte chez ces jeunes: résultats insuffisants, raisons financières ou encore impossibilité de trouver une alternance. 

Les jeunes qui ont quitté le QPV après le bac ont quant à eux des proportions de diplômés proches de la population d'ensemble. 

Des difficultés plus importantes à s'insérer sur le marché du travail

Les jeunes n'ayant pas quitté le QPV après le bac rencontrent le plus de difficultés à la sortie du système scolaire : seulement 59% d'entre eux présentent une trajectoire dominée par l'emploi contre 73% pour l'ensemble de la population. Ils mettent aussi plus de temps à accéder à leur premier emploi. Ces jeunes occupent ensuite plus fréquemment des emplois d'employés non qualifiés et sont moins nombreux à déclarer se réaliser professionnellement. 

A l'inverse, les jeunes ayant quitté les QPV après le bac connaissent les meilleures conditions d'accès à l'emploi en début de vie active, bénéficient de la rémunération mensuelle moyenne la plus élevée et expriment le plus de satisfaction au regard de leur emploi. 

L'étude démontre ainsi que les jeunes ayant quitté les QPV après leur bac, à autres caractéristiques sociales et scolaires comparables, ont 1,8 fois plus de chances de bénéficier d'une trajectoire dominée par l'emploi que leurs homologues n'ayant pas quitté le QPV. 

Un effet stigmatisant du quartier qui disparait avec la mobilité

Les difficultés rencontrées par les jeunes restés en QPV après leur bac sont potentiellement révélatrices d'inégalités de traitement ou de pratiques discriminatoires de la part des employeurs à l'égard des jeunes résidant en QPV au moment d'entrer dans la vie active.

Les résultats de l'étude montrent surtout que l'effet stigmatisant du quartier disparait après la mobilité, illustrant ainsi l'impact vraisemblable de l'adresse de l'individu sur ses chances de trouver un emploi.

Une vigilance doit néanmoins être apportée à ce constat : les jeunes qui quittent les QPV pourraient disposer de caractéristiques non observables, comme des compétences sociales (ou "soft skills"), telles que l'estime de soi ou la prise de risque, qui représentent un avantage pour trouver un emploi. L'absence de mobilité de certains jeunes en QPV peut en effet en partie s'expliquer par la faiblesse des ressources familiales, aussi bien sur le plan économique que social. 

Rester en QPV après le bac, en partir ou venir y résider: incidences sur les parcours scolaires et professionnels

Publié le 12 août 2025