Suite aux échanges avec les professionnel·les mahorais·es, le RNCRPV souhaite attirer l’attention sur les points suivants :
- des écarts persistent entre Mayotte et le reste du territoire en matière de droit commun, notamment concernant l’accès aux droits [1], accès à la santé [2], scolarisation [3], etc. ;
- le financement de la politique de la ville à Mayotte demeure très inférieur à la moyenne nationale. À l’échelle régionale et pour tout le territoire national, cette moyenne se situe à 90 € par habitant·e au titre des crédits de la politique de la ville. À Mayotte, ce montant se limite à 39 € par habitant·e. Cette différence a un impact direct sur la capacité d’action des acteurs locaux. Cet écart met en lumière un enjeu majeur d’équité territoriale dans un département confronté à des besoins sociaux, économiques et urbains considérablement plus élevés que la moyenne nationale.
- le manque de visibilité sur les moyens alloués suite à l’adoption des lois dites “lois Mayotte”, et notamment dans le domaine de la politique de la ville : quelle évolution des crédits suite à la nouvelle géographie prioritaire consacrée par l’article 40 de la loi de programmation pour la refondation de Mayotte [4], qualifiant chaque commune comme un QPV ? En l’absence de revalorisation, les crédits du programme 147 à Mayotte chuteraient à 20,6 € par habitant·e, soit une division par deux, creusant encore davantage l’écart avec le reste du territoire national.
- les moyens du GIP CRPV-CS Maoré Ouvoimoja restent insuffisants, – comme tous les CRPV ultramarins son fonctionnement repose sur un mode de calcul spécifique de la part fixe de financement [5], structurellement plus faible que les CRPV hexagonaux. Le RNCRPV souhaite voir cette anomalie corrigée dans le cadre de l’actualisation du cadre de référence des CRPV. En outre, le GIP CRPV-CS Maoré Ouvoimoja pâtit également d’un manque de visibilité sur son fonctionnement futur notamment quant aux moyens financiers qui lui seront attribués dans le contexte de l’évolution de la géographie prioritaire.
Malgré ce constat très inquiétant, les directeur·ices peuvent aussi témoigner que Mayotte est un territoire riche de nombreuses ressources : élu·es engagé·es, professionnel·les de l’Etat et des collectivités mobilisé·es, monde associatif bien ancré dans les QPV, ingénierie sur place renforcée via l’EPRD Mayotte, potentiel de développement important notamment par les richesses naturelles à préserver…
Fort de ces atouts et dans un contexte de rapide évolution de la politique de la ville à Mayotte, ce territoire devra être suivi de près : laboratoire de l’articulation entre droit commun et politique de la ville, le reste du territoire national a et aura beaucoup à apprendre de Mayotte.
