Près de 50 participants ont pu assister à ce webinaire, dont de nombreux professionnels de la jeunesse et du travail social pour lesquels il est essentiel de comprendre les leviers permettant l'engagement des jeunes.
Chafik Hbila, sociologue et co-gérant de la société JEUDEVI, a tout d'abord posé le cadre de l'intervention du jour. Il a rappelé quelques définitions autour de l'engagement, de la participation et de l'autonomie des jeunes des quartiers populaires. Il a aussi indiqué les bénéfices qu'une société peut attendre d'une meilleure participation des jeunes : à travers l'expérimentation, le jeune s'émancipe et se prépare à ses responsabilités futures. Les jeunes qui se rendent compte de leur pouvoir d'agir sont donc ceux qui oeuvreront plus tard à la cohésion sociale. Chafik Hbila a également proposé différents profils d'engagement chez les jeunes : le "jeune entrepreneur de sa vie" qui s'engage pour pallier à des difficultés d'affiliation sociale ; le jeune qui participe à des projet de cohésion sociale en groupe visant à modifier le quotidien de son quartier ; le jeune qui transcende son intérêt particulier pour se concentrer sur l'intérêt général et qui va entrer dans une forme de "citoyenneté politique" ; et enfin le "jeune philantrope" qui s'engage dans des projets à dimension éthique ou humanitaire.
Cette typologie a été complétée par l'intervention d'Amine Tilikete du Réseau National des Juniors Associations (RNJA). Il a en effet présenté une enquête menée par le RNJA sur l'engagement des jeunes dans les QPV. Celle-ci révèle plusieurs spécificités sur l'engagement des jeunes en QPV comparativement au cadre national. Elle démontre tout d'abord que les jeunes en QPV voient dans l'école un acteur clef de leur engagement, beaucoup plus que pour les jeunes hors-QPV. D'autre part, les jeunes de juniors associations en quartiers populaires jugent plus souvent leur engagement comme important pour leur territoire et leur quartier que les jeunes hors-QPV. Ils mènent aussi beaucoup plus d'actions de solidarité locale (commes des maraudes). Enfin, les jeunes en QPV éprouvent beaucoup moins de difficultés à se réunir en dehors du domicile familial, notamment grâce aux efforts d'associations et de collectivités pour mettre des lieux à disposition. Ces éléments montrent que la volonté d'engagement chez les jeunes en QPV est importante.
Et cette volonté à s'engager peut être accompagnée. C'est ce qu'a montré Aurélie Kopitsch, de l'association d'éducation populaire L'Etabli qui propose d'encadrer et d'éduquer les citoyens afin qu'ils participent à la vie de leur société de manière éclairée. Elle a expliqué que selon le profil des jeunes, l'accompagnement à proposer doit être différent. Certains jeunes en QPV expriment beaucoup de colère ou d'indignation vis-à-vis de ce qu'ils observent dans la société. Ils sont donc déjà dans une démarche d'engagement qu'il convient d'accompagner en leur permettant de rencontrer des professionnels et experts qui peuvent répondre à leurs interrogations et en les amenant à se remettre en question et à avoir du recul sur les prises de position qu'ils peuvent avoir. Pour d'autres jeunes, l'engagement n'est pas une question ou bien il fait peur. Pour ces jeunes qui peuvent se sentir "pas intéressés, pas légitimes et donc pas citoyens", Aurélie Kopitsch explique qu'il faut les amener à "s'autoriser à s'engager, sans entrer dans l'injonction à la participation". Pour cela, il peut être intéressant de leur proposer des défis (appelés ici des "citizen challenges") à travers des immersions courtes dans des projets participatifs afin de découvrir ce à quoi cela peut ressembler. Pour chaque niveau d'engagement, il existe donc des pistes permettant aux jeunes, en QPV et hors-QPV, de se saisir de leur pouvoir d'agir et de ce qu'il signifie.
Vous pouvez retrouver l'intégralité du webinaire ci-dessous, ainsi que le diaporama proposé par Chafik Hbila et l'étude du RNJA :
Promouvoir les engagements des jeunes en QPV - Webinaire n°3 du cycle "Jeunesses des quartiers"
