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Pauvreté et réussite scolaire : Une affaire de reproduction

France Stratégie dévoile à travers la publication du rapport "Scolarités-Le poids des héritages" un panorama du rôle de l’origine sociale, de l’ascendance migratoire et du genre sur les parcours éducatifs.

Ce rapport présente une synthèse des travaux statistiques conduits depuis une quinzaine d’années, et une note d’analyse, présentant les principaux résultats et une exploitation des données sur les trajectoires scolaires de la sixième à la sortie de l’enseignement secondaire. Ces travaux quantifient et qualifient le poids des caractéristiques héritées par les élèves sur leurs trajectoires scolaires, de la petite enfance à l’entrée dans l’enseignement supérieur et selon ces trois dimensions.

Parcours scolaire : la fabrique des inégalités

Le présent rapport fait une très large revue de littérature sur la manière dont se fabriquent les inégalités au cours des parcours scolaires. Ce processus varie entre l’école et le collège, et entre le collège et le lycée. Il varie aussi selon qu’on regarde le sort des filles et des garçons, ou celui des enfants issus de l’immigration. Même si, en fin de parcours scolaire, le poids des héritages apparaît comme très important, il ne creuse pas les inégalités tout le temps et partout de la même manière, au même rythme, et pour tous. 

Un écart qui se creuse dès les premiers âges de la vie

Bien que les écarts à l’issue de la maternelle entre les élèves de différentes catégories sociales se sont réduits dans le temps, parallèlement à une amélioration globale des acquis à l’issue de la grande section. Pour autant, l’école maternelle n’efface pas les écarts et ces derniers sont en partie prédictifs des différences de résultats constatés en fin de primaire. 

Les élèves les plus en difficulté en CP ont en effet davantage de chances de ne plus l’être en CM2 si ce sont des filles ou s’ils sont issus d’une famille dotée d’un important capital social, intellectuel et culturel. 

 "L’école primaire constitue ainsi une étape importante de la cristallisation des trajectoires"

L'entrée au collége...vers une orientation contrariée

Les garçons, les enfants les moins favorisés, et ceux issus de l’immigration entrent au collège plus souvent « en retard » et avec des acquis en moyenne moins assurés que leurs camarades. 

Plus généralement, les adolescents connaissent au collège des trajectoires hétérogènes très corrélées à l’origine sociale, l’origine migratoire et au genre et qui déterminent les orientations de fin de 3e . Des phénomènes de ségrégation sociale et scolaire, plus marqués qu’en primaire, contribuent également à la divergence des parcours.

"Sous l’effet des écarts de niveaux initiaux mais aussi de progressions différenciées, le collège constitue ainsi un accélérateur des inégalités scolaires".

Les enfants d’immigrés y voient leur position relative se dégrader et les garçons y progressent moins que les filles, leurs performances moyennes y « décrochant » en effet davantage. 

Les orientations de fin de collège, véritable moment de bifurcation des parcours, ne sont pas neutres : elles reposent sur une évaluation du niveau en 3e lui-même très dépendant des origines et du genre des élèves, mais également sur des jugements et des projections  des familles et de l’institution scolaire sur les capacités de réussite des élèves qui se nourrissent de leurs trajectoires depuis l’école primaire mais aussi de stéréotypes sociaux et genrés. 

Au lycée, la réussite reste dépendante de l’origine et du genre, et ce quelle que soit la filière.

"La transition entre la fin des études secondaires et la poursuite, ou non, dans l’enseignement supérieur est un moment charnière qui parachève la construction scolaire des inégalités des chances". 

 À même niveau scolaire (voire meilleur), les élèves défavorisés et les filles s’orientent ainsi moins vers les filières prestigieuses et sélectives, dont les rendements professionnels sont pourtant meilleurs. 

Les trajectoires des enfants d’immigrés sont moins favorables que celles des enfants sans ascendance migratoire. Les écarts qui les affectent sont cependant moindres que ceux qui distinguent les filles et les garçons et a fortiori ceux liés à l’origine sociale

Cependant, à origine sociale et familiale et contexte de scolarisation comparables (en ou hors éducation prioritaire), les désavantages des enfants d’immigrés en termes de performances s’estompent, voire disparaissent, qu’ils soient mesurés par les évaluations de 6e ou par les résultats au brevet.

"C’est donc bien d’abord l’origine sociale – en particulier saisie par le capital culturel – qui demeure, comme pour les autres enfants, le déterminant majeur des trajectoires des enfants d’immigrés". 

Une mise en perspective qui appelle une réflexion sur les politiques publiques

Ce rapport éclaire la fabrique des inégalités à travers le parcours scolaire des élèves, apportant ainsi une lecture complémentaire à la récente note de France Stratégie sur les inégalités des chances. Ce travail de synthèse montre que les inégalités scolaires liées à l’origine sociale, au statut migratoire et au genre se construisent de manière continue selon un processus de sédimentation de couches successives, de nature et de « dureté » différentes selon les étapes de la scolarité. 

Sur les trois caractéristiques « héritées » par les individus, le rapport montre le poids prépondérant de l’origine sociale dans la création des inégalités de trajectoires. Un élève issu d’un milieu favorisé aura plus de chances de connaître une bonne trajectoire scolaire qu’un élève issu d’un milieu défavorisé, et ce, même à notes équivalentes. Le rôle du genre est perceptible mais dans une moindre mesure ; enfin celui de l’ascendance migratoire est, à caractéristiques sociales données, limité. 

Accueil des jeunes enfants, rôle de l’école primaire, mixité des établissements, orientation : ce large panorama apporte une lecture documentée des mécanismes de la fabrique des inégalités de diplôme, déterminant clé des futures inégalités sociales.

France Stratégie publiera, au tout début de l’automne, un rapport sur les politiques publiques en faveur de la mobilité sociale des jeunes

Note d'analyse La force du destin : poids des héritages et parcours scolaires

Synthèse Rapport Le poids des héritages

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Rapport Scolarités Le poids des héritages

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