Vous êtes ici

Précédent
  • Accueil
  • Webinaire "Appréhender les pratiques numériques des jeunes en QPV"
Favoris

Webinaire "Appréhender les pratiques numériques des jeunes en QPV"

Le quatrième et dernier webinaire de ce cycle avait pour objectif d'analyser les usages numériques des jeunes des quartiers populaires, de comprendre ce qu'ils font sur les réseaux sociaux, et de déconstruire un certain nombre de représentations à ce sujet.

Le cycle de webinaires "Jeunesses des quartiers" visait à apporter des éclairages scientifiques, en partant de l'expression de certaines formes de violence chez les jeunes des quartiers populaires, jusqu'à l'expression de leur engagement et de leur citoyenneté ; en passant par le travail des éducateurs de rue pour permettre cette expression saine. Ce cycle avait pour ambition de déconstruire un certain nombre de représentations sur la jeunesse des quartiers. Pour ce quatrième et dernier webinaire, il apparaissait intéressant de se pencher sur les usages numériques des jeunes, thématique qui interroge au quotidien tous les professionnels de la jeunesse : quels outils les jeunes en QPV utilisent-ils ? Pourquoi faire ? Quelles fonctionnalités des réseaux sociaux utilisent-ils ? Ces réseaux sociaux favorisent-ils l'apparition de violences ? C'est sur tous ces éléments que ce dernier webinaire apporte un éclairage.

"Jeunes de cité"et sociabilités numériques

Rosa Bortolotti, enseignante chercheuse en Sciences de l'éducation et de la formation à Cergy Paris Université a d'abord présenté ses travaux de recherche. La chercheuse a récemment publié un ouvrage sur le sujet, intitulé "Jeunesses populaires en ligne". Son travail d'enquête et d'observation auprès des jeunes de Seine Saint-Denis permet de montrer la façon dont les jeunes en QPV utilisent les réseaux. Si Facebook et Instagram ont été à la mode, Rosa Bortolotti montre que les adolescents utilisent particulièrement TikTok et Snapchat à l'heure actuelle. 

Elle explique par ailleurs que l'utilisation de Snapchat est avant tout liée aux "régimes de sociabilité numérique" des jeunes : l'usage principal du réseau social est lié aux liens d'amitié que les jeunes entretiennent entre eux, aux relations amoureuses en cours ou en devenir (phénomène de "drague") et à l'expression de l'estime de soi (à travers la publication de selfies par exemple). Elle montre également que les réseaux sociaux peuvent être utilisés pour manifester un engagement : de nombreux jeunes se prêtent à des publications solidaires (soutien d'un rappeur ou de l'ouverture d'un commerce) mais aussi contestataire (prises de position, dénonciations d'injustices). 

Enfin, loin de l'image du jeune naïf, Rosa Bortolotti indique que la plupart des jeunes sont assez lucides quant à leur utilisation des réseaux sociaux. En effet, ils sont nombreux à indiquer avoir conscience des risques (désinformation, addiction) et certains mettent même en place des stratégies d'auto-régulation dans leur utilisation des réseaux sociaux. Ils sont également conscients des risques de harcèlement et de violence sur les réseaux, et certains jeunes utilisent parfois même certaines fonctionnalités (création de groupe de discussion sur Snapchat) pour désamorcer des conflits naissants.

Une recherche-action autour de la Citoyenneté Numérique

Deux représentants du Comité Régional des Associations de Jeunesse et d'Education Populaire (CRAJEP) des Hauts-de-France ont ensuite pris la parole. Sophie Baclet, coordinatrice régionale, a tout d'abord présenté un projet de recherche-action mené par le CRAJEP sur la citoyenneté numérique. Ce projet a permis d'interroger des jeunes, mais aussi leurs parents et des professionnels du travail socio-éducatif sur les pratiques numériques en Hauts-de-France et les interrogations éthiques que certains usages soulèvent.

Puis, Joachim Tual, coordinateur pour le Pas-de-Calais, a présenté certains résultats de ce projet qui rejoignent les observations de Rosa Bortolotti. Les jeunes des quartiers populaires interrogés à travers cette recherche-action ont avant tout indiqué qu'ils utilisent les réseaux sociaux pour rester en contact avec leurs amis. La conscientisation des usages et la capacité des jeunes à se prémunir des effets pernicieux des réseaux sociaux ressortent aussi dans ce travail de recherche. Les influenceurs apparaissent également dans les réponses données par les jeunes, mais ces derniers semblent montrer qu'ils sont capables de s'interroger sur les contenus des personnalités qu'ils suivent (définition de la réussite, du dépassement de soi, intérêt pour l'argent...).

Enfin, Joachim Tual a montré certaines caractéristiques liées au genre. Tandis que les garçons jouent plus souvent aux jeux vidéos, les filles ont tendance à découvrir les jeux mais à les délaisser plus rapidement pour se tourner vers les séries. Autre élément percutant, de très nombreuses filles témoignent de situation de harcèlement en ligne, ce qui semble moins présent dans les témoignages des garçons. Cela va dans le sens des observations de Rosa Bortolotti qui indique que les filles sont beaucoup plus vigilantes sur ce qu'elles postent sur les réseaux sociaux par peur de moqueries ou de harcèlement de la part des garçons.

Ce webinaire a donc permis de saisir certaines clefs de la posture à adopter en tant que professionnels. Il semble important de ne pas diaboliser les pratiques numériques des jeunes mais d'essayer de comprendre ce qu'elles leur apportent. Discuter avec les jeunes de leurs usages et des éventuels risques de ces derniers semblent pour tous les intervenants de ce webinaire le meilleur moyen de prévention à disposition des professionnels et des parents. Vous pouvez retrouver l'intégralité de ce webinaire en replay ci-dessous ainsi que la présentation diaporama utilisée par Rosa Bortolotti.

Appréhender les pratiques numériques des jeunes en QPV - Webinaire n°4 - "Jeunesses des quartiers"

Présentation - Rosa Bortolotti